"Le voyage pour moi ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est la saveur de la journée qui s'ouvre, c'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose,c'est la curiosité de confronter ses rêves avec le Monde, c'est demain, éternellement demain. Je pars..." Roland Dorgelès

vendredi 22 juillet 2011

Un semblant d'Angkor - Bagan/Mont Popa/Pakkoku

Vendredi 24 juin

Je prends un bus public pour Bagan, a 7h de route au sud est. C'est un bus local absoluement bonde, mais le trajet n'est pas deplaisant, aux milieux des femmes et des enfants, des sacs de riz et de provisions.

Les guest houses sont assez cheres dans cette ville tres touristique, connue pour ses 2500 temples de briques rouges dissemines dans une plaine. C'est vraiment la basse saison, si nous sommes 15 touristes, c'est le bout du monde!

Je retrouve avec plaisir le couple de francais, le groupe s'etant elargie avec trois suisses et deux autres francais. Nous allons mange dans le resto d'une francaise, Armelle, qui s'est installee ici il y a 5 ans pour realiser le reve d'une vie. Au dela de la tres bonne nourriture servie dans le jardin, nous discutions avec plaisir avec Armelle qui nous parle de son bonheur de vivre ici mais aussi des difficultes rencontrees du fait du regime politique, dont je vous parlerai plus tard. Une tres bonne soiree, dans le partage et les rires.


Samedi 25 juin

Je pars avec John l'espagnol, en velo, a la decouverte des fameux temples de Bagan, dont les premiers sont visibles des 3km. De loin, le vue est superbe : imaginez une plaine verte ponctuee de milliers de domes dores ou rouge brique a perte de vue... Incroyable.

Nous commencons par nous rentre a l'Ananda Temple, le plus venere,.Je suis eblouie par la beaute des 4 bouddhas debout, dores a la feuille d'or, resplendissant sous la lumiere pourpre des arches qui les entourent. Le sanctuaire est plein de birmans venus deposes fleurs et fruits en offrande, s'agenouillant aux pieds des statues pour effectuer leurs voeux.

Les temples que nous visitons ensuite ne sont pas aussi enchanteurs car beaucoup moins vivants : ils ne sont plus actifs et ont davantage le statut de ruine, meme s'ils sont dans l'ensemble plutot pas mal conserves. Mais au dela de ca, l'architecture est la meme, repetee a l'infini, et donne vite un aspect de deja vus lassant. Rien a voir avec la cite angkorienne qui offre une grande variete d'architecture differente.

Nous mangeons dans un tres bon resto vegetarien ou je deguste pour la premiere fois une salade de citrons, servie avec du riz coco. Un delice pour les papilles malgre les 4 piments finements haches dans la preparation!! Le manager nous offrira une petite banane flambee agreable pour adoucir mon palais ebouillante!

La derniere pagode ou nous nous rendons, moderne celle-ci, me laisse un gout amer en bouche, malgre sa grande beaute. En effet, du fait de son attrait touristique, j'imagine, elle est hantee par des dizaines de femmes vendant l'image de leur enfant pour quelques centaines de kyats, aux touristes munis de leurs teleobjectifs... Money, money, money... Litanie incessante, au combien entendu depuis le debut de ce periple asiatique...

Je dine seule dans un petit resto qui ne paye pas de mine a cote de mon hotel mais qui me cuisine une salade de feuille de the absoluement divine! C'est une des specialite de la Birmanie et je comprends pourquoi! La famille est en plus tres charmante et chouchoute sa seule cliente de la journee...




Dimanche 26 juin

Aujourd'hui, je pars en direction du Mont Popa, a quelques 50kms d'ici. Seul un pick up s'y rend, camionnette munie de deux banquettes de metal. Deux francaises montent avec moi, Rosy en vacances pour
plusieurs mois, et Tiphaine, en stage pour 2.5 mois a Yangoon. La conversation va bon train tandis que le vehicule se remplit a ras bord et que la route devient de plus en plus cahotique. Je saute jusqu'a atteindre le plafond plusieurs fois et mes fesses, pas assez rembourees, demandent grace!! Il nous faut pres de 3h pour ralier le lieu sacre, les nombreux arrets pour charger veaux, vaches, cochons, nous ayant considerablement retardes!! Mais encore une fois, en Asie, le trajet compte autant que le reste!

Cette montagne surmontee de plusieurs pagodes dorees a une histoire singuliere puisqu'elle est dediee au 37 nats, esprits tres veneres ici (avant la suprematie du bouddhisme, c'etait la religion animiste qui dominait). Ces nats cohabitent avec le Bouddha pour creer une religion originale, melant foi et superstition. Les 770 marches gravies, la vue sur les montagnes est superbe et l'air est remarquablement frais, une benediction! Les singes sont rois ici et nous marchons dans leurs dejections tout au long du parcours, qui s'effectuent pieds nus, comme le veut tout lieu sacre.

Pour le trajet du retour, j'obtiens la place a cote du conducteur et, comble du luxe, de son fauteuil remboure!!

Au retour, nous nous arretons a l'embarcadere, pour se renseigner sur les horaires de bateaux de demain pour rejoindre un village a 25km au nord. Nous mangeons un morceau pour le plaisir de boire un the en regardant le soleil se coucher sur l'eau.

Je retourne dans mon petit resto familial avec les deux filles, et teste deux autres salades : au citron et au gingembre, toujours aussi delicieuses. Le point de vue de Tiphaine sur le pays est interessant etant donne qu'elle a le statut d'expatrie. Encore une belle soiree de partage.



Lundi 27 juin

Afin de terminer mon sejour dans la region de Bagan, j'ai decide de me  rendre au village de Pakkoku, ou la revolution safran a debute il y a  3 ans (lorsque les moines sont descendus dans la rue pour denoncer la  hausse de 200% du prix de l'essence en 2007). Je voulais decouvrir son marche repute pour son bois et son tanaka. De plus, le voyage s'effectue en bateau, moyen de transport toujours agreable.

Tiphaine et Rosy m'accompagne pour la traversee en ferry. Malgre le fait que le sympathique homme de ma guest house est ete effare de me voir passer trois heures dans un bateau local "alors qu'il n'y a rien a voir, nan, nan, rien du tout!", nous avons ete conquise par les paysages de falaises crayeuses surmontees de pagodes qui ont defile devant nous durant la premiere heure. Nous nous sommes installees sur le pont pour profiter au mieux du paysage et echapper au bruit du moteur. J'apprecie ces heures de transports, lorsqu'il n'y a rien de mieux a faire que de regarder la vie defiler. Je suis d'ailleurs devenue une grande reveuse grace a cela! Je coupe meme parfois ma musique afin de mieux laisser mon esprit deriver.

Nous arrivons au debarcadere et sommes tres surprises de constater qu'une nuee de rabateurs de taxi nous y attendent!! Plus que je n'en avais jamais vu en Birmanie avant! Et je n'en ai toujours pas vraiment trouve l'explication... Au final, nous parcourerons quelques centaines de metres a pied avant qu'un birman tres sympa nous emmene gratuitement au marche dans son camion!

Les filles me quittent ici, elles reprennent un bus pour une autres destination immediatement. Pour ma part, je deambule quelques minutes dans le marche et ses ruelles adjacentes, ou s'empilent du bois un peu partout, tandis que d'autres s'emploient a le piler afin de le reduire en poudre de tanaka. Les odeurs sont tres greables et j'aurai aime m'y attarder vraiment devantage mais je suis devisagee en permanence et ne ressens par forcement de sympathie dans les regards qui me scrutent... Si vous saviez comme des fois j'aimerai pouvoir me fondre dans la paysage pour profiter comme je l'entends de ce qu'il m'est offert! Mais quand on a la peau blanche, on est un etranger, quoi qu'il arrive. Meme si vous revetez des habits traditionnels, si vous respectez les coutumes de vos hotes, si vous vivez avec eux meme parfois plusieurs annees, vous resterez toujours un touriste, un blanc et un riche. Cette reflexion est ecrite dans animosite aucune, j'en fais simplement le constat. Et elle peut s'appliquer a nos societes non pas avec les blancs, mais avec les africains par exemple... Arabes
ou noirs avant d'etre francais. J'ai ainsi pu vivre, dans une moindre mesure car sans violence, ce que ca fait d'etre dans la peau de l'etranger :)

Pour me remettre de ces emotions, je deguste un plat de nouilles shan simple mais savoureux. Le staff de la maison de the s'affaire anxieusement aupres de moi, ayant le souci de bien faire car leur faible niveau d'anglais leur fait craindre un impair!

Je traverse l'Irrawady en bateau afin de prendre un pick up de l'autre cote pour rejoindre mon village, a 25km de la. On m'accueille froidement pour ne pas dire pire, et le prix qu'on m'impose de payer est prohibitif par rapport au prix local. Ma tentative de negociation se solve par une tentative du conducteur de demarrer alors que je suis toujours sur le trottoir et que je n'aurai pas possibilite de trouver un autre vehicule avant plusieurs heures.

Je rentre aux prises avec des sentiments contradictoires apres cette rude journee sur le plan emotionnel.

Heureusement, la famille de mon resto prefere est elle, ravie de me revoir a nouveau, comme me le prouve leurs sourires radieux! Je commande cette fois un riz frit a la malaisienne, parfaitement equilibre au niveau des epices. Ils m'offrent des bonbons au tamarin pour le dessert, un delice!

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