"Le voyage pour moi ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est la saveur de la journée qui s'ouvre, c'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose,c'est la curiosité de confronter ses rêves avec le Monde, c'est demain, éternellement demain. Je pars..." Roland Dorgelès

dimanche 28 novembre 2010

I have a dream... Auroville, India

Après être restée près d’une semaine chez Isabelle, j’ai décidé de rester à Auroville plus longtemps afin de profiter de ce qu’il m’était donné à vivre ici. Ainsi, j’ai réservé une hutte sommaire dans la plus ancienne communauté d’Auroville, Aspiration, pendant deux semaines (pour le moment...!). Elle est assez éloignée du Matrimandir et des diverses activités proposées mais c’est la seule qui m’était accessible financièrement (460rps, les trois repas et la participation quotidienne à Auroville compris) et elle est près de chez Isabelle. De plus, c'est là première communauté qui est sorti de terre et symboliquement, je trouve ça chouette :) D'autant que le livre que je suis en train de lire, "Auroville, un aller simple?" (Jean Laroquette), en décrit la construction pas à pas!
Peut-être est il temps maintenant de vous en dire plus sur cette cité. Bien entendu, malgré toute ma bonne volonté pour résumer ce projet pharaonique et encore en devenir, rien de remplacera jamais un séjour ici. Je ne pourrai décrire l’atmosphère qui y règne et ne peut vous écrire que mon ressenti subjectif en fonction de ce que j’ai été en mesure de comprendre jusqu'à aujourd'hui. Ainsi, ce qui va suivre est le fruit de mes lectures et de ma propre vision des choses à ce moment précis. Les passages tirés de livres ou de personnes seront mis en italique, quand aux photos, elles ne sont pas de moi et ont été trouvé sur internet.



LE CONCEPT, LE PROJET

Symbole d'Auroville

Il était une fois, un Rêve… (Écrit par La Mère en août 54)

"Il devrait y avoir quelque part sur la Terre un lieu dont aucune nation n’aurait le droit de dire : il est à moi ; où tout homme de bonne volonté ayant une aspiration sincère pourrait vivre librement comme un citoyen du monde, et n’obéir qu’à une seule autorité, celle de la suprême vérité ; un lieu de paix, de concorde, d’harmonie, où tous les instincts guerriers de l’homme seraient utilisés exclusivement pour vaincre les causes de ses souffrances et de ses misères, pour surmonter ses faiblesse et ses ignorance, pour triompher de ses limitations et de ses incapacités ; un lieu où les besoins de l’esprit et le souci du progrès primeraient la satisfaction des désirs et des passions, la recherche des plaisir et la jouissance matérielle.

Dans cet endroit, les enfants pourraient croître et se développer intégralement sans perdre le contact avec leur âme ; l’instruction serait donné, non en vue de passer des examens ou d’obtenir des certificats et des postes, mais pour enrichir les facultés existantes et en faire naître de nouvelles.

Dans ce lieu, les titres et les situations seraient remplacés par des occasions de servir et d’organiser ; il y serait pourvu aux besoins du corps également pour tous et la supériorité intellectuelle, morale et spirituelle se traduirait dans l’organisation générale, non par une augmentation des plaisirs et des pouvoirs de la vie, mais par un accroissement des devoirs et des responsabilités. La beauté sous toutes ses formes artistiques : peinture, sculpture, musique, littérature, serait accessible à tous également, la faculté de participer aux joies qu’elle donne étant limité uniquement par la capacité de chacun et non par la position sociale ou financière.

Car dans ce lieu idéal, l’argent ne serait plus le souverain seigneur ; la valeur individuelle aurait une importance très supérieure à celle des richesses matérielles et de la position sociale. Le travail n’y serait pas le moyen de gagner sa vie mais le moyen de s’exprimer et de développer ses capacités et ses possibilités, tout en rendant service à l’ensemble du groupe qui, de son côté, pourvoirait aux besoins de l’existence et au cadre d’action de chacun.

En résumé, ce serait un endroit où les relations entre êtres humains, qui sont d’ordinaire presqu’exclusivement basée sur la concurrence et la lutte, seraient remplacées par des relations d’émulation pour bien faire, de collaboration et de réelle fraternité.

La terre n’est pas prête pour réaliser un semblable idéal, parce que l’humanité ne possède pas encore la connaissance suffisante pour le comprendre et l’adopter, ni la force consciente indispensable à son exécution ; et c’est pourquoi je l’appelle un rêve.

Pourtant, ce rêve est en voie de devenir une réalité ; et c’est à cela que nous nous efforçons à l’Ashram de Sri Aurobindo, sur une toute petite échelle à la mesure de nos moyens réduits. La réalisation est certes loin d’être parfaite, mais elle est progressive ; et petit à petit, nous nous avançons vers notre but qui, nous l’espérons, pourra un jour être présenté au monde comme un moyen pratique et efficace de sortir du chaos actuel, pour naître à une vie nouvelle harmonieuse et plus vraie."




Auroville a pour but de devenir une cité dédiée à l’Unité Humaine, dans la diversité. Ce projet a été porté par la Mère, une française qui dirigeait l’Ashram de Sri Aurobindo, formé autour du philosophe indien du même nom dont elle était la compagne spirituelle.

La Mère et Sri Aurobindo

L’inauguration eu lieu en février 68, en présence des représentants de 124 nations et de tous les états de l'Inde, qui ont chacun déposé une poignée de leur Terre dans une urne en forme de lotus située au centre d'un amphithéâtre. La Mère y concentra toute son énergie jusqu’à sa mort terrestre en 73.


Auroville veut être une cité universelle où hommes et femmes de tout pays puissent vivre en paix et en harmonie progressive, au-dessus de toute croyance, de toute politique et de toute nationalité.


La charte d’Auroville stipule que :

1. Auroville n’appartient à personne en particulier. Auroville appartient à toute l’humanité dans son ensemble. Mais pour séjourner à Auroville, il faut être le serviteur volontaire de la Conscience Divine.

2. Auroville sera le lieu de l’éducation perpétuelle, du progrès constant, et d’une jeunesse qui ne vieillit point.

3. Auroville veut être le pont entre le passé et l’avenir. Profitant de toutes les découvertes extérieures et intérieures, elle veut hardiment s’élancer vers des réalisations futures.

4. Auroville sera le lieu des recherches matérielles et spirituelles, pour donner un corps vivant à une unité humaine concrète.


AUROVILLE AUJOURD’HUI

  • Sur le plan humain :
Le site d’Auroville était à la base un désert. Il est conçu pour pouvoir accueillir à terme 50 000 personnes, un nombre suffisant selon Mère, pour permettre à cette expérience d’unité humaine de prendre une dimension significative.

Auroville accueille aujourd’hui près de 2000 personnes (3 à 5% de croissance annuelle), venus de 45 nationalités différentes dont 43% d’indiens et 15% de français, faisant de la France la deuxième nation la plus représentée. Elles viennent de tous les milieux sociaux et représentent l’Humanité dans son ensemble.


  • Sur le plan matériel :

Auroville se construit sous forme d’une galaxie, avec en son cœur, le Matrimandir, l’âme d’Auroville, lieu de silence de concentration (plus proche du mot méditation en français).


Plan de la ville à son terme

Il est le « symbole vivant de l’aspiration d’Auroville vers le divin ». Ce n’est pas à un lieu de culte dédié à la Mère ou à Sri Aurobindo. C’est une énorme sphère de 26m de haut et 36m de diamètre, recouverte de disques d’or, reposant sur 4 piliers représentant les 4 aspects de la Mère Suprême.


A côté, se tient le cœur géographique d’Auroville, matérialisé par un immense banian, et un amphithéâtre dédié aux rassemblements silencieux aux dates anniversaires.

L'amphithéâtre au premier plan, le banian puis le Matrimandir

Une cérémonie

D’ici, la ville se divise en 4 parties distinctes :

1. La zone résidentielle : logements individuels et collectifs pour les auroviliens et les guests. Il n’y a pas de droit de propriété à Auroville, seulement un droit d’occupation prioritaire.

2. La zone industrielle : boutiques, artisanat…

3. La zone culturelle : écoles, activités sportives et artistiques

4. La zone internationale : pavillons internationaux célébrant la diversité culturelle de chaque pays (les pavillons tibétains, américains et indiens ont vu le jour, les pavillons français, allemand et russe sont en cours de construction)

Une ceinture verte, appelée Green Belt, entoure la ville. C’est une zone de reboisement, plus de 2 millions d’arbres ont été plantés depuis la création du site, de recherches écologiques et d’agriculture biologique.

Auroville est toujours dans sa phase de développement aussi bien matériellement (beaucoup reste encore à construire) que spirituellement puisque l’Idéal de l’Unité Humaine s’expérimente jours après jours à travers chaque aurovilien, jusqu’à l’avènement d’un monde nouveau. « L’aide de tout ceux qui trouvent que le monde n’est pas comme il devrait être est la bienvenue. Chacun doit savoir s’il veut s’associer à un vieux monde prêt à mourir, ou travailler pour un monde nouveau et meilleur qui se prépare à naître. » (La Mère, février 72)

  • Sur le plan éducatif :

Plusieurs écoles permettent l’éducation des enfants jusqu’au niveau seconde. Les programmes éducatifs visent à donner à l’enfant des moyens de développement intégral sans qu’il perde le contact avec son âme. Aucune note ni aucun diplôme ne sont délivrés. Toutefois, il est possible d’obtenir des équivalences de niveau à Pondichery. Chaque enfant est encouragé à développer ses capacités avec son professeur, qui est là pour le guider dans son apprentissage et dans ses choix.

Le sport et la pratique des arts sont encouragés. Ainsi, pour tous, de nombreuses activités sont organisées, gratuitement ou pour une somme modique, pour les auroviliens et les guests : yoga, arts martiaux, calligraphie, conférences, expositions, soins et bien-être, équitation, cinéma, théâtre, danse, …

  • Sur le plan écologique :
Auroville tend à être une cité modèle sur ce plan : reboisement, tri, recyclage, pistes cyclables, irrigation, purification de l’eau, énergies solaires et/ou renouvelables, cultures biologiques, médecines douce et/ou alternatives…

  • Sur le plan financier :
Auroville espère devenir une ville qui n’utilise pas d’argent, sauf dans ses contacts avec l’extérieur. On n’en est encore loin aujourd’hui mais cependant, des choses sont faites en ce sens. Ainsi, lorsque l’on habite Auroville ou que l’on y vit provisoirement, on peut créditer un compte et payer ensuite les commerçants virtuellement à l’aide d’une carte. D’autre part, à terme, Auroville devrait s’autosuffire grâce notamment à ses 170 unités commerciales engagées dans l’artisanat, l’électronique, l’architecture…

Chaque aurovilien travaille pour la communauté, au minimum 5h par jour et 7 jours par semaine, en fonction des besoins et de ses compétences. Il reçoit un pécule mensuel lui permettant de subvenir à ses besoins primaires.

  • Sur le plan légal :
Pas de police ni de loi à Auroville. Une équipe de gardes patrouille et assure la tranquillité des résidents. En cas de difficultés, des groupes de travails et une assemblée existent et tranchent sur les problèmes soulevés.
Les auroviliens sont appelés à ne pas avoir d'engagement politique.
  • Sur le plan religieux :
Auroville n’appartient à aucune religion et les auroviliens doivent s’abstenir de toute croyance.
Il n’est pas nécessaire d’avoir des contacts avec l’ashram de Sri Aurobindo, toutefois, il est évident qu’adhérer à sa pensée est indispensable pour trouver du sens à vivre à Auroville.
Se concentrer au Matrimandir n’est pas une obligation et chacun est libre de servir le Divin comme il le souhaite.


  • Sur le plan des services :
Auroville propose les mêmes services qu’une petite ville avec boulangerie, poste, bibliothèque, librairie, boutiques, internet, restaurants, snacks, dispensaire, clinique dentaire… Tout est disséminé dans les différentes communautés (on en compte une vingtaine) autour du Matrimandir.


MON AVIS, CE QUE JE VIS ICI


Ce que j’ai perçu d’Auroville est très positif.

L’accès à la culture est immense et facilité par la petite taille de la ville. La gratuité ou les prix modiques pratiqués permettent à tous de participer à des activités. Cette proximité avec toute cette culture favorise l’émulation et je me sens excitée, sans cesse sollicitée par de nouvelles possibilités.
Je me fais déjà une joie de participer à mon premier cours de yoga en Inde et en français, mardi matin ! D'autant que j'ai rencontré ma prof, Sylvie, "par hasard" au restaurant hier soir et que c'est une belle personne.
J’ai emprunté de nombreux livres à la librairie et pourrait poursuivre mon apprentissage de la pensée de Sri Aurobindo ainsi que la connaissance de la vie aurovilienne grâce à des livres écrits par des résidents.
Moi qui adore découvrir et apprendre, cette ville est en ce sens, faite pour me plaire !
Les médecines douces et/ou alternatives sont mises en avant et cultivées. Je vais recevoir mon premier massage de Jean-Louis jeudi après-midi!


Je n’ai eu que peu de réel accès avec les auroviliens. J’en côtoie bien sur tous les jours car tout ceux qui travaillent à Auroville y résident ou aspirent à le devenir, mais les discussions sont restées pour le moment succinctes. Je perçois comme le désir de conserver un certain mystère autour de tout ça… ou de la méfiance à l’égard de l’étranger curieux et interrogatif. Certaines publications ont mis à mal Auroville et ses habitants, peut-être souhaitent-ils se protéger.
Ce qui est certain c'est que chaque personne rencontrée ici, qu'il soit aurovilien ou guest, est animé par un même élan, ce sont des gens inspirés et inspirants, extrêmement intéressants. Chaque rencontre est unique et riche, chaque rencontre provoque l'intérêt et éveille la curiosité.

De même, la ville en elle-même reste très mystérieuse : il vous faut imaginer une forêt dense, d’où serpentent des chemins de terre battue qui mènent vers plusieurs dizaines de communautés, de la plus sommaire à la plus luxueuse, chacun proposant des activités diverses. Le programme de ces activités est affiché mais pas toujours très accessible, comme si cela était fait pour favoriser les échanges entre les gens. En effet, ce n’est qu’en demandant, qu’en rencontrant, que l’on arrive à savoir ce qu’il se passe ici ou là.

Sur le plan spirituel, je n’en suis qu’au début d’une quête, dont je ne sais jusqu’où elle me mènera, mais que je perçois déjà comme fondatrice. Ce lieu calme est le berceau idéal pour la mener et je compte bien en profiter ! Les lieux et les gens sont chargés et contribuent à entretenir ce cheminement personnel. Je me documente beaucoup sur la pensée du philosophe et de la Mère, essayant d’en comprendre les principes de base, et les discussions riches que nous entretenons avec Isabelle me guident jour après jour dans ma réflexion.

Auroville n’est certes pas un idéal parfait mais je ne dirai pas non plus qu’elle est une utopie. Elle demande à grandir encore, par le fruit de chaque être humain qui la compose, mais repose sur de solides bases, en la présence des écrits de La Mère. Elle pourrait répondre à ce que je recherche en ce bas monde, ou plutôt à tout ce vers quoi je ne veux pas aller.

Cependant, quelques points me semblent ne pas être en congruence avec la pensée originelle, comme l’obligation de prouver sa séronégativité, et que l’on dispose des fonds nécessaires à sa vie à Auroville durant 3 années si l’on aspire à devenir aurovililen. Ces deux obligations revenant à créer une discrimination, même si, en ce qui concerne le second point, je peux en comprendre les raisons.



J’espère par ce (long) billet, vous avoir permis d’en comprendre davantage sur le lieu et sur mon cheminement personnel.

5 commentaires:

  1. Quand une personne fait une déclaration de ce genre, il serait bon de donner son nom, pourquoi rester anonyme? Si tu as habité à Aspiration, je dois te connaitre et vice-versa... Quand à avoir à prouver sa "séronégativité", cela ne vient pas d'Auroville, cela vient du gouvernement Indien...
    Paul Vincent

    RépondreSupprimer
  2. oui!oui! et oui!c'est du vécu,c'est positif!
    encore une âme mûre qui est prête pour évoluer.
    Aspirationaux Parfums<et en 2010,le
    feu est toujours présent.ommmmmm...gégé

    RépondreSupprimer
  3. Bonjour Aurélie,
    J'ai lu ton avis sur ton vécu à Auroville. combien de semaines tu y es restée exactement ? et pourrais-tu nous en dire plus aujourd'hui si tu y es encore ou nous décrire ce que tu y as découvert et appris en vivant tes 2 semaines ou plus à Aspiration.
    Merci de ta réponse
    Véga

    RépondreSupprimer
  4. Je suis tjs a auroville, bien que je fasse actuellement un break dune semaine a kodaikanal. Ce que jai decouvert depuis se trouve sur le blog, dans les articles suivants. Si tu hesites a y aller, je te dirai vas y si tu as minimum 8 a 10 jours a lui consacrer. Et fais ton experience. Amicalement, Lily (ecris moi par mail si tu veux echanger - adresse dans qui suis je)

    RépondreSupprimer