"Le voyage pour moi ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est la saveur de la journée qui s'ouvre, c'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose,c'est la curiosité de confronter ses rêves avec le Monde, c'est demain, éternellement demain. Je pars..." Roland Dorgelès

samedi 2 avril 2011

La cite de Shiva, un concentre d'Inde - Varanasi, Uttar Pradesh, India

Derniere escale en Inde, et pas n'importe ou puisqu'il s'agit de Varanasi, anciennement appelee Benares, une des villes les plus sacrees de l'Inde. Cette ville millenaire est surtout connue a travers ses rites mortuaires puisque pour un hindou, mourir ici permet d'atteindre la Moshka (liberation) et d'echapper ainsi aux cycles des reincarnations. Cependant, on ne peut a mon sens reduire ce lieu a cela, tant elle est riche de mille et une autres facettes.

Je savais que j'allais ici retrouver l'Inde que j'aime, celle dont j'ai reve, celle qui me fascine et me fait tomber a ses pieds. Pourtant, c'est une fourmilliere de plus d'un million d'habitants et je m'attendais aussi aux arnaques et autres bonheurs, privileges des endroits so touristiques. Finalement, il est facile d'y echapper, dans le dedale de ruelles incroyables qui bordent les ghats (marches menant au Gange), sentant bon les epices et le lait. Chaque centimetre de ses rues sont un hymne a la vie, dans la rumeur bruyante du matin comme dans la fraicheur du crepuscule. Je me perds dans ses boyaux, parfois trop etroits pour laisser passer un homme quand un enorme taureau rumine nonchalemment au milieu. J'hume les parfums huileux des samosas, j'entends les tintements joyeux des dizaines de bracelets colores ornant les poignets des indiennes, j'observe les gamins jouant aux cerfs-volants et au criquet... Un air de souk marocain flotte, comme si Benares etait plus orientale qu'asiatique. La ville revet egalement un aspect medieval de part ses rues pavees pietonnes et ses metiers d'un autre temps, ce qui n'est pas sans me rappeler avec plaisir Katmandou...










Quand le soleil se fait plus discret, que ses rayons ont cesse de darder leur chaleur accablante sur nos peaux fragiles, je me faufile jusqu'aux ghats et les parcourent, les sens en eveil. Le premier soir ou j'y suis descendu avec Audrey, ils etaient nimbes d'une lumiere orangee magnifique, et j'ai pense que j'etais rentrer dans la carte postale, de l'autre cote du decor! 



Chaque ghat a son atmosphere propre, selon a quoi il est destine : lessive, cremation, puja (priere), douche... Les rituels changent et evoluent au rythme de mes deambulations, me laissant parfois entrevoir l'intimite la plus crue, sous un sari mouille ou un sur un bucher flambant. 





Chaque soir, sur le ghat principal, se deroule une puja de plus d'une heure, ou les chants rythment les rituels des brahmanes, a la lueur des bougies, dans le parfum capiteux de l'encens. La ferveur est ici tres presente et la foule se presse pour prier ensemble. 






Je me suis offert, aux aurores, l'experience fascinante d'une balade en bateau, permettant d'observer les ghats de face et donc de pouvoir admirer la beaute des batiments (certains sont des palais de maharajas), avec a leurs pieds, les pelerins accomplissant leurs rituels. Ce fut vraiment magique, dans la lumiere rose du matin, mon batelier me contant parfois les legendes cachees dans les pierres...
















Pour autant, Benares reste aux confins de la vie et de la mort, et j'ai aussi croise des corps retenus par le cordages des bateaux et la carcasse d'une vache derivant au fil de l'eau, des corbeaux sur son dos... Des stocks impressionnants de bois s'amoncelent sur le ghat de cremation, attendant d'etre pese pour creer un bucher. La quantite de bois utilise depend des revenus de la famille, le bois de santal restant le plus cher. Dorenavant et pour un moindre cout, un four electrique est disponible egalement. Il n'est pas rare du coup de croiser un cortege funeraire au detour d'une ruelle, le brancard drape de linges chaudement colores est alors porte par des hors-castes. Tout cela peut vous sembler bien glauque, mais gardez a l'esprit que la mort ici est vecue comme un evenement de vie et ne prend pas la meme signification qu'en Occident. 

Benares reste une ville tres abordable, notamment en ce qui concerne la nourriture. Une de ses particularites est le nombre de petit shop de lassis (rappelez vous cette delicieuse boisson a base de yaourt) qui emaillent les rues. Ils sont servis dans des pots en terre que l'on jette ensuite, evitant ainsi les gobelets de plastique qui jonchent les rues indiennes partout ailleurs. Varanasi n'a pas sacrifie a la facilite... jusqu'a quand? Certains lassis shop ne servent pas que du yaourt... ils l'aromatisent au bhang, sorte de pate verte derivee du cannabis, avec la benediction du gouvernement qui fournit lui meme le produit, sous pretexte de ville dediee a Shiva! Ainsi pour 20 roupies (30cts d'euros) vous avez un delicieux lassi a la mangue et aux amandes, et quelques heures de perceptions originales!!!




Un mot encore de notre guest-house qui est en fait un squat, que les artistes et musiciens ont fait leur. Cette maison de 4 etages, donnant sur le Gange, est ainsi emplie des sons des guitares, citares et autres guimbardes, tandis que les murs se couvrent de dessins psychedeliques! Belle atmosphere... 

Vous l'aurez compris, Varanasi est une ville fascinante aux charmes envoutants.... Elle m'a fascine, elle m'a envoute... J'y reviendrai!

4 commentaires:

  1. Une fois de plus, j'ai pris bien du plaisir à te lire. Dans l'attente de tes nouvelles aventures, bon vent ! Lio)

    RépondreSupprimer
  2. Encore une ville étonnante que tu nous fais découvrir ! Tu commentes beaucoup mieux qu'un guide touristique ; avec toi, on a l'impression d'être immergée dans cette ambiance indienne.
    C'est bien d'avoir terminé ton séjour en Inde par cette ville. Bonne continuation !

    RépondreSupprimer
  3. Encore un très bel article. Bravo! C'est comme si on y était!!! Merci de nous faire voyager. Je revois les petites rues labyrinthiques, l'atmosphère si particulière des ghats, je me rappelle les odeurs... Ma première étape en Inde, la plus marquante. Et pour toi la dernière, un beau bouquet final!!! Bonne route. Bisous. Laurence

    RépondreSupprimer
  4. merci, prends soin de toi. Bonne continuation

    RépondreSupprimer