"Le voyage pour moi ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est la saveur de la journée qui s'ouvre, c'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose,c'est la curiosité de confronter ses rêves avec le Monde, c'est demain, éternellement demain. Je pars..." Roland Dorgelès

jeudi 27 janvier 2011

Du Tamil Nadu au Kerala - Madurai, Kumily, India

C'est avec grand plaisir que j'ai retrouve Laurence et Melanie a Madurai ce lundi.


Melanie et Laurence

Nous nous sommes connues en Grece en juin dernier et, partageant le meme projet, avions prevu de nous retrouver sous d'autres lattitudes quelques mois plus tard... mais cela semblait tellement loin! En effet, que de chemin parcouru ces 9 derniers mois! Mais finalement, c'est bien sur les routes indiennes que nous nous retrouvons avec envie. 

J'etais venue a Madurai en 2008, et gardait un souvenir plutot bon de cette grande ville malgre la pollution et le bruit inherant a sa condition de cite de plus d'un million d'habitants.





 Les retrouvailles passees, nous nous sommes rendues dans deux temples, tous deux differents mais chacun vivant et anime. 

Le premier est peu connu des touristes de passage mais vaut pourtant le coup d'oeil pour son architecture originale et ses rituels animes. Les gopurams colores, les immenses statues de dragons encadrant l'entree principale, les bougies brulant sous les divinites, les brahmanes faisant les pujas, l'animation febrile propre aux temples hindouistes... tout donnait une atmosphere particuliere que j'ai apprecie et savoure.



Le second, celui dont Madurai est le berceau, est un des joyau de l'Inde du sud. On murmure meme qu'il serait l'equivalent du Taj Mahal dans le sud... J'ai pu le redecouvrir sans echaffaudages, ce qui n'a fait qu'en renforcer encore la beaute, les peintures fraiches brillant de milles feux au soleil couchant tandis que les plafonds eclairaient les couloirs de leurs rosaces multicolores. A la nuit tombee, l'ambiance a encore change et, errants dans ce labyrinthe infinis de salles obscures et de longs couloirs aux colonnes sculptees, nous nous sommes perdues dans les rituels hindous a la lueur des bougies.










La journee s'est malheureusement terminee au lit pour moi, qui du affronter mes premiers symptomes indiens! Tout est en passe de rentrer dans l'ordre depuis heureusement! 

Nous sommes parties pour Kumily hier matin, traversant pour la premiere fois la frontiere du Tamil Nadu pour prendre place au Kerala. La aussi, ce fut une redecouverte pour moi, apres ma premiere experience marquee par les sangsues d'il y a deux ans! Kumily est surtout connue et visitee pour sa reserve naturelle ou vivent des animaux sauvages, dont les fameux tigres! De nombreuses excursions sont possibles et fortement encouragees a tous les coins de rue, mais nous avons prefere aller seulement nous balader aux alentours, profiter d'un joli point de vue en grignotant quelques beignets, dans le calme de la campagne keralaise! 

Nous avons pu assister a un spectacle de Katakali, danse traditionnelle typique du Kerala, s'apparentant d'ailleurs plus a du theatre muet. Cette danse necessite un long travail de maquillage au prealable, et tout se joue a travers les expressions que prennent les personnages, qui racontent en fait une legende liee aux dieux. C'est assez impressionnant la somme d'emotions qu'ils sont capables d'exprimer grace aux muscles de leurs visages et a leurs yeux! Un moment agreable et comique :)






Le lendemain, nous avons visite une plantation et une usine de the. Cetait le premiere fois pour une grande buveuse de the comme moi et, malgre le guide plutot mauvais, j'ai apprecie de comprendre les differentes etapes de fabrication et, surtout, de marcher au milieu des plantations d'un vert vif, croisant ici et la des cueilleuses et leurs sacs de jute. 










Une etape calme et nature, avant de nous rendre sur les backwaters jusqu'a Allepey pour une escale farniente.

Je vous remercie pour tous les retours positifs que je recois quotidiennement sur ce blog et/ou mon experience, vous savez maintenant combien cela a de l'importance a mes yeux. Un merci special a mes chers collegues, toujours si attentifs, dont l'assiduite me touche beaucoup. Sachez que je pense bien souvent a vous, et partage votre joie vis-a-vis de la nouvelle nous vous m'avez fait part!! Prenez soin de vous tous...

lundi 24 janvier 2011

Rameshwaram, escale au bout du monde

Ce billet est un billet un peu special car il vous arrive de tres loin... de tellement loin qu'on appelle ca le bout du monde... la ou plus rien d'autre n'existe que la terre, l'eau et le ciel... la ou les elements se rencontrent pour former un tout unique et universel...

Je suis arrivee a Rameshwaram vendredi matin, apres 9h de train de nuit en couchette. C'etait la premiere fois que j'empruntais les rails pour voyager en Inde, me deplacant en bus habituellement. L'ambiance dans la gare etait agreable, entre les vendeurs de badjis (beignets) et de chais, les familles endormies par terre en attendant la prochaine rame... Nous avons voyager en sleeper classe, classe populaire ou chaque compartiment comprend 8 couchettes en sky. J'ai ete impressionne par le bruit assourdissant des ventilateurs qui brassaient l'air surchauffe a quelques centimetres de nos couchettes (nous avions choisi d'etre en haut pour plus d'intimite et de confort), de la lumiere crue des neons et surtout, surtout, de l'absence total d'air veritable, les fenetres grillagees etant situees tout en bas! Du coup, effet boite de conserve garantie et bonjour la claustrophobie!



Heureusement, j'ai pu trouver rapidement le sommeil comme a mon habitude et c'est presque fraiche et dispose que je suis arrivee a 4h du matin au village. 

Je suis parvenue au centre-ville dans une charette tiree par un poney, la ville etant deja bien animee malgre l'heure matinale, grace au fait que le temple ouvre ses portes a 4h egalement. 
Rameshwaram est en fait un ile reliee au continent par le pont Indhira Gandhi.



C'est un haut lieu de l'Hindousime dedie au dieu Rama, dont les rituels sont complementaires avec ceux de Benares. Ainsi, la ferveur religieuse y est a son comble. C'est aussi un simple village de pecheurs de 30 000 habitants, hors des circuits touristiques classiques (nous croisons 6 occidentaux en 3 jours).

Le temple est impressionnant par sa taille et son architecture. Il comprend en effet de longs couloirs bordes de colonnes sculptees, aux plafonds couverts de rosaces multicolores ou de scenes legendaires, ce qui provoque une perspective interessante.




22 puits et bassins forment un circuit permettant aux pelerins de se purifier peu a peu, jusqu'a pouvoir atteindre le sanctuaire de Rama, au coeur du temple. 
Nous avons pu assister aux rituels en spectateur. Les devots semblaient au comble de la joie d'etre en ce lieu si sacre, j'imagine que certains attendent cela depuis des annees et que ca representent enormement pour eux. Nous sommes accueillies partout avec le sourire et la curiosite, sans l'animosite que l'on percoit parfois envers les non-hindouistes dans les lieux saints. Je suis restee pres de deux heures a contempler la foule des pelerins recevant l'eau sacree par des seaux lances par les brahmanes, ecoutant leurs chants et admirant leurs sourires.



Deja Rameshwaram m'a conquise!

Puis, nous partons nous balader au bord de mer. Nous assistons a la suite du rituel de purification sur la plage des pelerins : couleurs des saris flottants dans l'eau, rires des enfants s'eclaboussant, mugissement de la vache perdue sur le sable....




Les autres plages nous reservent beaux paysages et charmantes rencontres dans les differents villages de pecheurs traverses, malgre la vie rude et spartiate, ce sont des sourires qu'ils nous transmettent. Partout, une curiosite innocente, une timide demande de photos, ou bien les questions habituelles posees en pouffant de rire derriere les foulards.





Le lendemain, nous partons pour Danishkodi ou le bout du monde. C'est un endroit situe a 20 km du village, qui represente l'aboutissement du rituel pour les pelerins. En effet, c'est la que Rama, pour sauver sa femme Sita des mains de Ravana qui l'a detient au Sri Lanka (a 33km de la), construit un pont pour relier les deux iles et la ramener avec lui. Les bancs de sable qui subsistent forment le Rama's bridge, a la rencontre des deux oceans, rendant la baignade en ses lieux, sacree. 
La bus...



Avec Myrriam et Richard, rencontre la veille

 nous depose a quelques 5 km du bout, nous permettant de vivre durant 3h, une des plus belles balades que j'ai pu faire jusqu'a maintenant... C'est un lieu absoluement sublime, ou la mer est turquoise, les vagues lechant le sable a perte de vue, tandis que des dunes se sont formees un peu plus loin , ou es pecheurs tirent leurs filets colores et trient le poisson sur la plage, ou l'on marche en pensant que jamais nous n'en verrons le bout...










Et pourtant... Soudain, des deux cotes, on s'apercoit que l'on voit l'eau, la langue de sable s'etant peu a peu affinee et au loin encore, on apercoit l'eau aussi, le bout du monde... C'est avec un melande de joie et de serenite que je parcours les derniers metres de cette balade, ecrasee de chaleur mais heureuse de parvenir au saint des saints.



Un groupe de brahmanes (la plus caste en Inde, celle des pretres), reunis ici pour realiser une puja pour une jeune femme ne parvenant pas a se marier, nous proposent de suivre le rituel avec eux. C'est ainsi que nous sommes benies, et assistons aux chants rituels, face aux flots agites. Quelle belle arrivee!




Nous nous immergeons ensuite dans la mer, prenant conscience de notre chance d'etre ici et de vivre ce que nous vivons. Nous restons plusieurs heures, presque seuls, parfois rejoints par un groupe de pelerins, a profiter de ce temps hors du temps.




Nous rentrons dans une jeep avec d'autres pelerins, traversant parfois les flots car la maree est montante. La route du retour nous reserve encore de sublimes paysages, dans les tons bleus, verts et jaunes... Une journee memorable!


Afin de cloturer en beaute notre etape de charme a Rameshwaram, nous sommes retournees au temple le soir, avant la fermeture. Une procession conduite par un elephant suivi d'un char dore transportant Parvati (femme de Shiva) parcoure les couloirs au son des tambours. Ambiance tout a fait differente, peut etre plus solennelle.Un joli moment en tout cas, avant de poursuivre ma route vers Madurai.



Vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aime Rameshwaram, qui concentre tout ce que j'aime de l'Inde. Je repars la tete pleine d'images et de souvenirs...jusqu'a la prochaine fois! 

 Je suis actuellement a Madurai, ou j'ai rejoins Laurence et Melanie, rencontree en Grece en juin!